Tu ne spoileras point !
Si l'on rédigeait un décalogue de l'art de la citation littéraire, il contiendrait sûrement ce commandement : "Tu ne spoileras point !"
Pas sûr que le dieu de la citation apprécie le verbe "spoiler" (à prononcer [spoylé]), un mot d'ailleurs dans le collimateur des immortels de l'Académie française…*
Par spoiler, j'entends tout ce qui risque de gâcher le plaisir du lecteur potentiel de l'œuvre en question. Pitié, ne me raconte pas la fin de l'histoire ! C'est dommage que le travail de l'auteur - qui a savamment choisi le moment opportun pour divulguer telle ou telle information - soit saboté. Si vous considérez les bandes-annonces de films comme des briseuses de mystères, vous voyez ce que je veux dire.
Il y a quelques semaines, avant de prélever un échantillon de citations du Mystère de la chambre jaune, je pensais qu'il faudrait redoubler de vigilance pour ne pas faire fuiter l'information la plus cruciale d'un roman policier : le nom de l'assassin.
En réalité, l'auteur du roman policier - en l'occurrence Gaston Leroux - pour tenir son lecteur en haleine en le mettant sur un pied d'égalité avec son héros enquêteur - en l'occurrence Joseph Rouletabille - s'est évertué à ne rien dévoiler avant les dernières pages.
Le citateur ne risque donc pas de laisser échapper le nom de l'assassin, à moins bien sûr de ne pousser le vice jusqu'à citer le passage précis du roman où il est révélé.
Si vous n'avez jamais franchi la porte de la chambre jaune, ne craignez rien, les citations ci-dessous ne contiennent pas le moindre indice quant à l'identité du mystérieux coupable.
Définition du vocabulaire peu fréquent
Informations
Les numéros de page correspondent à l'édition suivante :
Éditeur | Le livre de poche |
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ISBN | 2-253-00549-5 |
Date d'édition | 1974 |
Nb pages | 446 |
Infos générales sur Le Mystère de la chambre jaune :
Auteur | Gaston Leroux |
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Éditeur | Pierre Lafitte |
Date de parution | 1907 |
Note
* Pour ma part, je trouve que l'emploi du verbe spoiler est assez pertinent. Il a le mérite de revêtir une connotation négative et d'être univoque. Dommage que sa graphie porte à confusion avec son cousin "spolier". L'Office québecois de la Langue française ne l'entend pas de cette oreille et propose même de remplacer spoiler par le néologisme divulgâcher (divulguer + gâcher). Quatre syllabes à l'infinitif… il faut du courage pour employer ce truc. J'avais lu 11 pages de cet ouvrage avant que vous ne le divulgâchassiez. Sur un forum, j'ai trouvé une proposition alternative plus jolie : celui qui spoile peut être qualifié d'"émécheur" (littéralement, celui qui vend la mèche).
- JAUNE
- Les Fleurs bleues
- 1965
- Raymond Queneau